Face aux événements douloureux

Il faut leur dire et leur permettre de vivre les événements familiaux heureux comme malheureux. La maladie de l’un des parents, de l’un des grands-parents, l’hospitalisation, la mort, tout cela doit être dit et vécu normalement. Ils ne sont pas plus handicapés que nous devant la mort… Ils souffrent cruellement si on les laisse à l’écart et leur souffrance se manifeste alors par de graves dépressions. Il faut parler de celui qui a disparu, mettre des photos et proposer, quand le chagrin est trop lourd, de fleurir la photo, de l’éclairer avec des bougies, d’aller sur la tombe, de prier avec lui. Pierre, qui a vu son père mourir subitement, a déposé, à côté de la photo, le paquet contenant la robe que sa mère venait d’acheter pour le mariage de sa sœur et a dit avec un grand sourire : « Maman belle, Papa content… » Ils ne sont pas handicapés dans leur cœur !

Une consultation médicale, une visite chez le dentiste, une prise de sang, à plus forte raison une hospitalisation, doivent être annoncées, préparées, comme pour tous les enfants mais, là encore, et pour les mêmes raisons, pas trop longtemps à l’avance et, si possible, dans le calme et la confiance. Le fait de toucher les appareils, de voir une prothèse, un plâtre mais, surtout, de laisser à l’enfant le temps qu’il lui faut pour s’habituer à la situation, aux locaux, aux gens qui l’entourent, à leur voix, aux mots inconnus de lui, tout cela apaisera son angoisse bien normale.

Si la maladie est grave, l’enfant le sent parfaitement et tous les parents témoignent, alors, de leur courage : « Pleure pas, Maman, Manou sera courageuse », disait une petite fille porteuse de  trisomie 21 âgée de 8 ans en entrant dans la salle d’opération de chirurgie cardiaque. Il y a quelques semaines, la maman de Claire, porteuse de  trisomie 21 et atteinte d’une leucémie, lui a expliqué que, à cause du traitement, elle allait perdre ses cheveux. Elle était seule, dans la chambre d’hôpital avec sa fille. Claire est restée figée, sans un mot, tête baissée, pendant une heure. Tout à coup, elle a levé la tête, a éclaté de rire et est partie rejoindre les autres enfants hospitalisés en chantant : « Moi, comme Barthez [Ndlr : un joueur de football français célèbre dans les année 2000 et dont le crâne était rasé] ! » « Dans le service, Claire mieux que personne sait redonner du courage aux enfants mais aussi aux parents et aux professionnels… » m’a confié le chef de service.