ACTHYF

ACTHYF, un grand essai thérapeutique mené à l’Institut Jérôme Lejeune

ACTHYF est une étude clinique à visée thérapeutique qui avait pour objet l’évaluation d’un traitement sur le développement psychomoteur du jeune enfant porteur de trisomie 21. Le premier patient a été inclus en avril 2012 et le dernier a terminé en décembre 2017 ; au total, 175 enfants âgés de 6 à 18 mois ont participé à cette étude. Celle-ci a été surveillée sur le plan de la sécurité par des médecins spécialistes hospitaliers (Necker-Enfants malades, Robert-Debré, Garches) et réalisée en collaboration avec plusieurs unités INSERM pour les analyses biochimiques et génétiques. Elle a fait l’objet d’une publication dans un journal de génétique reconnu, Genetics in Medicine, le 8 juillet 2019.

Objectif

L’étude ACTHYF était en partie basée sur les résultats de l’étude ENTRAIN, réalisée à l’Institut Jérôme Lejeune et publiée dans le journal PLOS One en janvier 2010 : cet essai avait fait apparaître un possible effet bénéfique de l’acide folinique sur le développement psychomoteur de jeunes patients porteurs de trisomie 21. Cet effet était plus marqué chez les patients recevant en même temps de l’hormone thyroïdienne T4. Or cette hormone, qui joue un rôle très important pour le développement cérébral des jeunes enfants, porteurs de trisomie 21 ou non, était déjà connue pour être un peu plus basse chez les enfants porteurs de trisomie 21 par rapport aux autres enfants. Il est donc paru nécessaire de vérifier ces résultats, ainsi que l’éventuelle synergie thérapeutique entre l’acide folinique et l’hormone thyroïdienne.

Méthodologie

L’étude ACTHYF a été réalisée en double aveugle, pour préserver l’objectivité des évaluations : les enfants étaient répartis de façon aléatoire dans un des quatre groupes ; ils recevaient soit de l’acide folinique et de l’hormone thyroïdienne, soit de l’acide folinique seul, soit de l’hormone thyroïdienne seule, soit les deux placebos. Tous les enfants ont pris ce traitement pendant un an et ont été évalués au début et à la fin de ce traitement.

Résultats

Les résultats de l’étude ACTHYF n’ont pas montré d’effet significatif de ce traitement par hormone thyroïdienne, acide folinique ou l’association des deux sur le développement des jeunes enfants porteurs de trisomie 21, et ne reproduisent pas les résultats qui avaient été trouvés précédemment dans l’étude ENTRAIN.

Perspectives

Ce résultat est bien sûr une déception mais il apporte une réponse claire à des questions anciennes : il n’y a pas de raison scientifique suffisante pour proposer de l’acide folinique aux jeunes enfants porteurs de trisomie 21, ni de l’hormone thyroïdienne lorsque le bilan thyroïdien est normal.

Cette étude apporte également un très grand nombre de données cliniques, psychométriques et biologiques qui vont faire l’objet d’analyses plus poussées pour mieux connaître le développement des très jeunes enfants porteurs de trisomie 21 – en particulier pour comprendre la grande hétérogénéité observée dans leur développement. L’équipe de l’Institut Jérôme Lejeune poursuit par ailleurs ses analyses pour voir s’il existe des facteurs biochimiques et génétiques qui auraient pu influencer la réponse au traitement.

Enfin, par sa méthodologie et les données obtenues, l’étude ACTHYF pourra servir de référence pour des projets futurs.

En pratique...

Les médecins de l’Institut Jérôme Lejeune ne prescrivent plus l’acide folique ou acide folinique aux nouveau-nés et aux jeunes enfants porteurs de trisomie 21.
 
Les résultats de l’étude n’entraînent pas de changement pour le traitement d’une hypothyroïdie par hormone thyroïdienne lorsque le médecin le juge nécessaire.