EN Famille

Une enquête consacrée à la prise de conscience de son handicap par la personne handicapée elle-même et faite par la revue Ombres et Lumière rapporte les propos très justes d’une maman : c’est le jour où son fils aîné a remarqué que son plus jeune frère était plus grand que lui, qu’il a réellement pris conscience de la situation.

Ce décalage, inévitable, sera moins douloureux à vivre pour les deux enfants si, dès l’arrivée au monde du plus jeune, on a pris soin de souligner la qualité d’aîné du premier-né par des choses très simples comme, par exemple, l’heure du coucher un peu plus tardive ; l’installation de sa chambre avec des meubles de grand, choisis avec lui ; l’invitation à passer une nuit chez des amis sans son frère ni ses parents… Vis-à-vis de plus jeunes, éviter de parler du « grand frère » mais dire plutôt « l’aîné ». Un petit bonhomme de quatre ans m’a dit un jour, furieux : « On me dit que c’est mon grand frère ; c’est pas vrai, je suis plus grand que lui ». J’ai pu rétablir la situation grâce aux photos que les parents avaient apportées et qui montraient bien que le frère en question était arrivé avant lui à la maison, que c’était bien le frère aîné et que les centimètres n’avaient rien à voir dans cette histoire.

Pour les grands-parents qui attendaient avec tant d’espérance ce petit, cet enfant qui allait leur faire partager son immense puissance de vie, la souffrance est double. Ils se sentent impuissants devant la détresse de leur enfant et, bien souvent, ils n’osent pas proposer leur aide de peur de blesser, d’être maladroits, indiscrets. Il ne faut pas avoir peur de compter sur eux : ils ont une grande expérience de la vie, ils ont appris la patience, ils savent écouter, ils ont du temps… Ils sont, pour la plupart, tous prêts à servir de relais pour prendre quelques heures ou, même, quelques jours (quelquefois des années) l’enfant handicapé ou les frères et sœurs, selon les besoins du moment.