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DIAGNOSTIC GÉNÉTIQUE, CONSEIL GÉNÉTIQUE, EN QUOI CONSISTENT-ILS?

Entre 400 et 500 enfants ou adultes sans diagnostic étiologique déterminé ou avec une maladie génétique autre que la trisomie 21 sont reçus chaque année en consultation à l’Institut Jérôme Lejeune.

Qui sont ces fameux 20% de la consultation ? Quels sont les 250 syndromes autres que la trisomie 21 pour lesquels des personnes de tout âge viennent à l’Institut pour un diagnostic ou une prise en charge médicale ? Par qui et comment ces syndromes sont-ils diagnostiqués ?

Nous entrons ici au cœur du métier des généticiens de l’Institut Jérôme Lejeune.

Si l’Institut Jérôme Lejeune est connu pour la trisomie 21 qui représente 80% des 9000 patients suivis en consultation, l’ouverture de celle-ci aux autres maladies rares n’est pourtant pas récente. La consultation s’intéresse en effet à toutes les causes génétiques de déficience intellectuelle. Elle a à la fois une orientation diagnostique et une orientation thérapeutique.

Cela correspond à l’œuvre de Jérôme Lejeune qui développa la consultation et des thèmes de recherche dans la quasi-totalité des syndromes connus à l’époque, de la trisomie 21 à la délétion du chromosome 5 ou à l’X fragile.

D’autre part, les progrès de la génétique ont fait littéralement exploser le nombre de causes génétiques connues de déficience intellectuelle : on découvre pratiquement chaque semaine de nouveau cas d’anomalies génétiques, individuelles ou familiales, jusque-là non décrites, associées à une déficience intellectuelle !

L’Institut s’adapte à cette nouvelle donne technologique et scientifique avec autant de prudence que de détermination afin d’améliorer la vie des patients.

Les docteurs Clotilde Mircher et Isabelle Marey, généticiens à l’Institut, rappellent les trois orientations qui les guident.

Nommer la maladie et en connaître la cause sont très importants pour le patient et sa famille, même s’il n’existe pas de traitement ; le patient peut ainsi bénéficier des connaissances acquises chez d’autres patients porteurs de la même maladie, d’autant plus si celle-ci est rare.

Le conseil génétique s’intéresse au risque éventuel de récurrence dans la famille et à l’accompagnement des proches dans la compréhension du sujet.

Enfin, le diagnostic génétique peut conduire à la connaissance des mécanismes physiopathologiques, c’est-à-dire la façon dont une anomalie génétique peut induire le retard mental et les symptômes associés (épilepsie, troubles du sommeil par exemple). C’est grâce à la connaissance de ce mécanisme qu’on peut trouver des traitements spécifiques et mettre en place une prise en charge adaptée.

C’est bien ce qui différencie l’annonce du diagnostic génétique d’une condamnation : l’annonce du diagnostic s’accompagne d’un projet de vie et d’une alliance thérapeutique.

Il peut être long et difficile d’avoir un diagnostic génétique, pour différentes raisons.

Il y a d’abord la difficulté à poser un diagnostic de déficience intellectuelle. Celui-ci se fait se fait dans le temps, au fur et à mesure du développement de l’enfant et de ses acquisitions, éventuellement avec des outils adaptés et le recours à d’autres spécialités (neuropsychologues, neuropédiatres etc.).

Il faut ensuite prendre en compte le délai important pour obtenir un rendez-vous initial avec un généticien puis les délais et le coût d’organisation des prélèvements génétiques et de rendu des résultats. L’Institut, qui a noué des partenariats avec des plateformes de séquençage « haut débit » du génome, comme celle de l’hôpital Necker à Paris, sans surcoût pour les familles, est concerné dans une moindre mesure par ces délais.

Enfin, le diagnostic génétique n’est pas garanti même avec ces techniques de pointes. Il est posé en moyenne dans 50% des cas, parce que tous les gènes ne sont pas connus et la technologie encore imparfaite, sans compter que ces techniques de pointe apportent beaucoup d’informations génétiques dont l’interprétation est parfois délicate. De nombreuses variations génétiques n’ont ainsi aucune conséquence pathologique.

Chaque étape a son importance et requiert un savoir-faire particulier, du recueil de l’inquiétude des parents au diagnostic et à la prise en charge.

Dans ce contexte scientifique et technologique complexe et en perpétuelle évolution, l’Institut Jérôme Lejeune veut faciliter le parcours génétique des familles, en débutant une démarche diagnostique devant tout retard des acquisitions n’ayant pas une cause médicale évidente puis en coordonnant le parcours de soin adapté.

L’objectif est bien de diagnostiquer l’existence ou non d’une déficience intellectuelle, de mettre en évidence le lien entre les difficultés qui touchent la personne et l’anomalie génétique, puis d’organiser la prise en charge.

Même en l’absence de perspectives de thérapie et malgré le choc qu’il peut représenter, le diagnostic génétique est utile. Il permet d’adapter le conseil génétique pour l’entourage familial, de rechercher et de traiter les pathologies associées et d’améliorer la prise en charge du patient. Dans le cas où aucun diagnostic n’a pu être établi, il est important de revenir en consultation afin de suivre le patient cliniquement et bénéficier du progrès des connaissances cliniques et techniques.

À l’Institut Lejeune, grâce à la pluridisciplinarité de la consultation, chaque diagnostic génétique, quelle que soit sa rareté, est prolongé par un suivi médical spécialisé tout au long de la vie du patient dans un unique but : améliorer ses facultés.

Selon la formule répétée par le Professeur Réthoré : « La génétique n’a pas de cœur, c’est pourquoi les généticiens doivent en avoir un ».